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les voies de l’amour

croisant les jambes. Elle me lut un petit entrefilet relatant l’escapade de quelques étudiants et puis elle se mit à jaser comme elle le faisait souvent, très souvent, le jour ou le soir, quand elle entrait dans ma chambre sous prétexte d’apporter une serviette, un verre, un pot d’eau fraîche ou une fleur et que sais-je. Dans les premiers temps je causais peu et je l’écoutais avec plus ou moins d’attention, souhaitant ardemment en moi-même de la voir partir tôt. Mais parfois je la trouvais si agréable, si charmante, son langage était si recherché, sa voix si douce et son parfum si délicat et si suave, qu’il me faisait plaisir de la sentir près de moi et de l’entendre, bien que je désirasse, en souvenir de mon Andrée, la voir s’éloigner. Cependant je m’accoutumai si bien peu à peu à sa présence que je finis par la désirer. Je m’ennuyais même quand elle ne venait pas aussi souvent ; son parfum me manquait. Toutefois je ne connaissais pas la couleur de ses yeux. Je la regardais toujours vaguement car j’avais peur de la fascination de son regard. Je craignais de voir dans l’éclat de ses yeux l’amour qu’elle semblait me vouer éteindre dans mon cœur l’amour que je portais encore à mon Andrée.

« Ce soir-là, cette jeune fille, dont le nom était Lucille, me parut plus intéressante que jamais. Pourquoi ? Était-ce parce que je n’avais pas reçu depuis une semaine de nouvelles d’Andrée dont les lettres se fai-