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les voies de l’amour

de Victoria et de Laval réunis. Je te revois près du drapeau des étudiants, brandissant d’une main une énorme canne et de l’autre le puissant fémur d’un géant que nous venions de disséquer. Une première fois, c’était dans l’affaire de la picote (variole) qui avait soulevé toute la population de Montréal. Les étudiants, s’étant mis à la tête du mouvement, avaient fait une démonstration monstre pour combattre le principe de la vaccination obligatoire comme on l’entendait alors. Ils avaient manifesté leur colère surtout devant la demeure du maire, de certains échevins et du médecin de la ville.

« Une seconde fois, ce fut dans l’affaire Riel. Les étudiants, encore suivis de toute la jeunesse montréalaise, voulaient manifester avec ostentation leur sympathie pour l’infortuné Riel qui s’était rebellé contre l’autorité du gouvernement fédéral. L’occasion leur paraissait belle de courir sus aux ministres pendards. Armées de gourdins et de fémurs, ils firent un tapage infernal (comme ils savaient en faire alors), pendant toute la soirée. La manifestation de leur mécontentement se montra plus effectivement devant la demeure des ministres fédéraux résidant à Montréal.

« Que fit la police ce soir-là. Elle n’osa empêcher les étudiants de parcourir toutes les rues de la ville avec des torches, des flambeaux et des banderoles aux inscriptions menaçantes. En effet que pouvait la police,