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les voies de l’amour

preuves de son amour, le doute envahissait mon esprit. Parfois je craignais que son amour ne fût simulé ou ne fût inspiré que par esprit de remerciement ou de dévouement au sauveur de sa mère. L’ayant vue au chevet de sa mère, si attentive, si dévouée, je me l’imaginais capable d’un aussi grand sacrifice. Je ne voulais pas de cet amour par sacrifice. Je voulais un amour vrai, sincère, affectueux, partant du cœur. Je voulais que Léontine fût à moi de corps, de cœur et d’esprit. Je voulais, quand je la presserais entre mes bras, qu’elle n’eût d’autre pensée que la mienne, d’autre amour que le mien.


« Oui, me disait-elle un jour que j’avais fait allusion à son amour pour le voyageur de commerce, j’ai aimé ce jeune homme parce qu’il était le premier qu’il me fut permis de voir librement. Je le crus beau, je le crus aimable parce qu’il était le premier homme qui osât m’adresser la parole. Je n’avais jamais entendu d’autre voix masculine que celle de mon père qui résonnait comme une grosse cloche d’airain, et tout à coup j’entendais celle d’un étranger qu’on me permettait d’écouter. N’en ayant jamais entendu d’autre, je la croyais suave et persuasive. Elle me semblait l’écho d’un chant que mon imagination avait souvent perçu. Il était le premier homme dont la main touchât la mienne ; elle