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les voies de l’amour

famille, entre l’amour de mon père et celui de ma mère, il me semblait qu’il y avait place pour un autre amour qui n’aurait nullement diminué l’amour de mes parents. Parfois les battements de mon cœur s’accéléraient à certaines pensées que je prenais pour des divagations de mon imagination. J’avais soif et faim d’amour, mais mon père éloignait de la maison tous les jeunes gens du village parce qu’il ne les croyait pas dignes de ma main. Un jour il invita à sa table un monsieur qui le venait voir souvent à sa maison d’affaires. C’était un voyageur de commerce. Mon père paraissait l’estimer beaucoup et se plaire dans sa conversation. Cet étranger était mis avec recherche ; il était joli garçon, beau parleur, très flatteur car il m’adressait souvent des compliments que je croyais vrais tant ils étaient nouveaux pour moi. Quand il me parlait en souriant, je rougissais et je n’osais relever les yeux sur lui. J’étais si émue devant ce jeune homme qu’il me semblait qu’il pouvait entendre, voir et compter les battements précipités et violents de mon cœur, soulevant à chaque pulsation le tissu léger recouvrant ma gorge.

« Après le repas, mes parents me laissèrent seule au salon avec ce jeune homme. Je parlai peu car j’étais bien timide et bien gênée, mais lui ne l’était pas. Il me racontait ses voyages à travers les différents pays qu’il avait parcourus ; il me dépeignait les personnages qu’il