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les voies de l’amour

dit que vous exercez votre profession avec autant de zèle et d’amour que le prêtre son ministère sacré. On dit que vous avez véritablement l’âme du pasteur, le cœur de l’apôtre. Je viens à vous non pas comme au médecin qui pourrait rétablir les forces de mon corps épuisé, décharné, squelettique. Ce corps n’est plus qu’une guenille plus lamentable, plus affreuse que les loques qui l’enveloppent. Peu m’importe où qu’il aille, où qu’il tombe. Cette dépouille crapuleuse, qui ne m’inspire plus aucune pitié, a trop traîné sur la terre qu’elle a souillée trop longtemps. Mais j’ai une âme et un cœur qui sont plus malades, que le remords ronge et dont je voudrais apaiser les souffrances, adoucir les angoisses. Aller me jeter aux genoux du pasteur, lui dire mes maux, lui raconter mes turpitudes, il les comprendrait peut-être ; il m’absoudrait, c’est son métier. Mais me lèverais-je de ses pieds plus soulagé du poids qui m’écrase ? Mon âme elle-même en éprouverait-elle quelque soulagement ? Mon cœur en saignerait-il moins ? Toutes les choses que j’ai à dire je pourrais les avouer publiquement, hautement, à grands cris, mais on m’écraserait sous des masses de pierres avant d’en avoir entendu le dernier mot. Ce n’est qu’au médecin, ce n’est qu’à vous que je puis faire cette confession, parce que si vous avez aimé, si vous en avez souffert et si vous en avez fait souffrir, vous me comprendrez mieux que tout autre. Quand je