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les voies de l’amour

au parloir. Nous attendions là jusqu’à la fin de la récréation pour la revoir au sortir. Oh ! les beaux cheveux blonds et ondulés ! Oh ! les beaux grands yeux bleus ! Quel joli pied ! Quelle démarche noble ! Nous la regardions aller comme l’ange des amours qui sème les rêves dorés sur son chemin. Combien de gros soupirs n’avons-nous pas étouffés les jours de parloir ! Combien d’heures d’étude n’avons-nous pas perdues ces soirs-là en lui composant des vers que nous ne pouvions lui adresser ! Que de nuits sans sommeil à ne penser qu’à elle ! Que de rêves troublants pour notre jeunesse ! Oh ! la voir ! la revoir ! Entendre sa voix qui devait être si douce ! Contempler le sourire de ses belles lèvres roses ! Oh ! toucher seulement le satin blanc de ses mains si délicates ! Que n’aurais-je donné seulement pour lui être présenté ? Ah ! j’aurais tout sacrifié pour elle : tous mes congés de l’année, toutes mes bonnes places dans les compositions, toute ma part des friandises que mon ami me donnait. Cette jeune fille, si belle, c’était la seule chose que j’enviais à mon meilleur ami. Celui-ci, qui m’aimait comme un frère non jaloux, aurait bien voulu me la présenter, mais la règle sévère du collège lui défendait absolument de m’amener au parloir, même pour me présenter ses parents.

« Pendant les vacances qui suivirent ma sortie du collège, je fis enfin la connaissance de cette jeune fille