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les voies de l’amour

ses cendres renaîtrait plus vive la flamme de ses anciennes amours. Je lui répétais toutes les remontrances dont j’étais censé accabler le malheureux. Je lui demandais, à cette chère affligée, de me laisser travailler avec elle pour ramener l’infidèle dans le bon chemin. Si elle me le permettait, je m’offrais de lui écrire quelquefois ou même de la rencontrer, chez les parents qu’elle avait à Montréal, pour chercher à renouer les liens brisés avec celui qu’elle aimait tant et avec raison parce que c’était un jeune homme d’avenir ; il était beau, aimable, instruit, malheureusement un peu frivole, petit défaut dont il paraissait facile de le corriger. Je ne glissai jamais un seul mot d’amour dans mes lettres ; il me semblait que je ne pouvais jamais être trop réservé car je craignais de réveiller son antipathie pour moi. Je cherchais à lui inspirer un peu de confiance par ma sympathie et mes bonnes intentions. J’y arrivai peu à peu car elle finit par répondre à mes lettres et même par accepter mes rendez-vous dans l’espoir de rencontrer son ami d’enfance. Mais chaque fois qu’elle venait à Montréal, j’arrangeais d’autres rendez-vous entre notre ami commun et quelques jeunes filles, de sorte qu’elle ne put voir son ami qu’au bras de quelque coquette. Si par hasard elle se rendait à la pension pour essayer de le rencontrer, elle trouvait toujours à la porte le cerbère que nous y avions placé et qui en défendait l’entrée avec la fidélité