Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
les voies de l’amour

ces, par le contact plus intime pendant nos rendez-vous réitérés, je finirais par avoir raison de son indifférence pour moi et qu’elle finirait elle-même par m’aimer, ne serait-ce que par dépit pour l’abandon de son ancien ami. Ses premières lettres furent rares, très courtes mais aussi très courtoises. Elle y invoquait, en peu de mots, mon amitié envers notre ami commun pour le faire revenir à de meilleurs sentiments, pour lui rappeler ses anciennes amours. Personne mieux que moi ne pouvait lui rendre ce grand service. Puis, son inquiétude augmentant, ses lettres devinrent plus fréquentes et plus longues. Elle contractait, sans s’en apercevoir, l’habitude de me confier ses chagrins et ses misères. Elle me disait comme sa santé s’altérait, comme ses nuits étaient souvent sans sommeil, comme elle pleurait parfois. Parcourir les allées de son jardin, en voir les fleurs aux couleurs trop éclatantes, aux parfums trop voluptueux la rendait triste. Elle n’aimait plus entendre crisser le sable des allées sous ses pas, son cœur en saignait trop abondamment. Le chant des oiseaux la faisait pleurer. Elle qui aimait tant les fleurs pour en mettre partout dans sa chambre et son boudoir, ne les regardait plus que pour les froisser entre ses mains nerveuses et en jeter les pétales au vent qui les emportait comme ses souvenirs. Elle passait, dans une immobilité absolue, de longues heures à la fenêtre de sa chambre en face du fleuve qui coulait