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les voies de l’amour

trop fatiguée à sa toilette. Tout à coup je la vis pâlir : ses jambes fléchirent et elle tomba inerte dans mes bras. Je la portai dans sa chaise roulante dans le jardin, à l’ombre sous le gros érable en face du fleuve, « Michel, me dit-elle quand elle reprit connaissance, Oh ! que je suis faible ! jamais je ne reviendrai à la santé. Prends-moi dans tes bras, je veux y mourir maintenant que je connais ton grand amour ». Elle devint toute triste et se mit à pleurer. Elle resta longtemps sans dire un seul mot. J’avais le cœur bien gros en face de cette douleur muette.


« Toute la nature semblait inquiète. Le ciel se chagrinait comme Andrée, comme moi. Le beau bleu de la voûte céleste se tachait de grands placards blancs en forme de rideaux, de dentelles, de gros flocons de laine. D’autres nuages, comme d’immenses volutes de fumée grise ou noirâtre échappée de cheminées géantes invisibles, enlaçaient leurs spirales au moutonnement des nuées blanches. Parfois les rayons d’un soleil ardent perçaient à travers les trous et les fentes que laissaient entre eux les nuages qui s’enroulaient, se tordaient, s’amoncelaient ou s’effilochaient tour à tour. La température devenait horriblement humide. Il y avait de l’électricité dans l’air immobile. Au-dessus du sol desséché et craquelé des vagues de chaleur montaient de la