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les voies de l’amour

que tu n’aurais jamais osé mettre même quand tu les aurais pensées. Il me semblait qu’une main étrangère avait effacé certaines phrases pour les remplacer par des idées et des pensées désagréables. Il était impossible que ces lettres, que je t’envoyais si souvent, ne se rendissent pas et que les tiennes ne m’arrivassent pas aussi régulièrement. N’as-tu jamais rien soupçonné ? Tu connaissais cependant mon amour, tout mon amour. Ne nous étions-nous pas fiancés aux pieds des autels ? Et puis pourquoi ton ami osait-il m’écrire que tu ne pensais plus à moi, que d’autres liens plus forts t’unissaient à une jeune fille qui ne te convenait pas du tout ? Il eut même la hardiesse, l’effronterie de me dire qu’il tentait continuellement l’impossible pour te détourner de cet amour vulgaire. Il craignait bien, disait-il, de ne jamais réussir si je n’allais pas à Montréal l’aider de ma présence. Ah ! il poussait l’hypocrisie jusqu’à ses dernières limites. Sais-tu pourquoi, mon bon Michel, j’allais si souvent à Montréal ? Je t’aimais tant que je ne craignais plus les embûches de ce faux ami. J’étais sur mes gardes, car je comprenais trop bien son jeu. Il m’aimait et je le détestais. Son amour pour moi, facile à deviner, et ses intentions de gagner mon cœur m’étaient une garantie qu’il n’oserait plus rien de déshonnête. J’étais comme ces prospecteurs qui vont à la recherche de l’or ou des diamants, qui ne craignent ni les froids ter-