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les voies de l’amour

Autour des plates-bandes, des pensées aux couleurs vives et veloutées couraient en longues chaînes. Il y avait tant de variétés de fleurs que les amoureux qui en eussent connu le langage auraient pu se parler pendant des heures sans ouvrir la bouche.

« Le parterre de Gabriel Toinon n’était pas moins beau, moins riche et moins fleuri. Le goût d’exotisme de Gabriel Toinon lui avait fait élever au centre du parterre une pagode chinoise que recouvrait en partie une belle vigne. Les deux voisins, d’un accord mutuel, avaient élargi en forme de lac le petit ruisseau qui séparait leurs terrains respectifs. Un pont de forme japonaise enjambait ce lac minuscule.

« Souvent les deux voisins donnaient des fêtes champêtres auxquelles la meilleure société de Montréal était invitée. Le soir l’on se réunissait indifféremment dans les deux jardins éclairés a giorno. On en parcourait les allées au sable blanc, ou l’on se réunissait par groupes dans les tonnelles ou la pagode, ou l’on s’amusait, du pont japonais, des ébats des petits poissons emprisonnés dans le lac minuscule. Les plus amoureux allaient s’asseoir sur les bancs placés sur la berge élevée pour assister au lever de la lune dont le globe immense se mirait dans les flots du beau St-Laurent.

« Gabriel Toinon n’avait qu’un enfant, un fils qui reçut au baptême le nom de Michel. Cet enfant, c’était