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les voies de l’amour

mes compagnons jalousait mon bonheur. Maintes fois des élèves se rendaient au parloir sans y être appelés, dans l’unique but de la voir et de la contempler. Un jour, un condisciple envieux et chagrin surprit l’échange de nos lettres. Il se hâta de sortir du parloir avant moi et courut en avertir le maître de discipline qui vint au-devant de moi et me demanda ma lettre avant même que j’aie pu en connaître le contenu. Je fus bien obligé de la lui donner. Mais heureusement ce jour-là, était-ce pur hasard, la lettre ne contenait rien de répréhensible aux yeux du cerbère. Tout de même je reçus une semonce des mieux épicées, avec un avis de surveillance des plus étroites. Nous étions à la fin de l’année et je n’en perdis que quelques billets affectueux. J’étais plus ou moins studieux, mais dans les concours la chance me favorisait souvent, aussi m’arrivait-il quelquefois de remporter quelques prix à la fin de l’année, et alors quelle joie pour Andrée de me couronner et quel orgueil pour moi de courber la tête pour recevoir les feuilles de laurier des mains de la plus belle des jeunes filles, et comme j’étais envié par tous mes camarades !

« Toutes nos vacances s’écoulaient dans un bonheur parfait. Parfois, comme deux grands enfants, nous courions les champs, après la fenaison, pour y cueillir les fraises à la saveur si douce, ou nous allions à l’orée du bois à travers les arbrisseaux manger des bluets et