Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/104

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puisable de conversations savantes et spirituelles. Jouir du plaisir de dire des riens, de s’amuser d’une bagatelle, de rire d’une folie, n’était point un délassement pour elle. L’ambition démesurée d’une éclatante célébrité avait altéré, à cet égard, son goût et son caractère. Elle s’était approprié le style et la manière de Thomas, dont elle a fort exagéré les défauts, et surtout le ton d’importance et la pompe. Il y a dans ses écrits plutôt de belles phrases que de belles pensées : on n’y trouve ni ce plan, ni cet enchaînement d’idées, cette liaison, cette gradation qui, dans les bons ouvrages de morale, excitent la curiosité, soutiennent l’intérêt et conduisent le lecteur à la conviction.

Il faut observer que les femmes auteurs qui passent leur vie dans la société d’un grand nombre de gens de lettres, placent toujours dans leurs écrits beaucoup d’idées recueillies dans la conversation. Parmi les auteurs, ce n’est pas le manque d’esprit qui produit les défauts de style et les ridicules les plus frappans ; c’est surtout l’enivrement des succès et l’exaltation de l’orgueil. Madame Necker, amie intime de tous les disciples de Voltaire, n’aimait point ce grand poète : la raison en est simple ; Voltaire