Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/123

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meur pourrait bien lui conseiller de retourner à l’aiguille et au fuseau. Il est un charme qu’on nomme la pudeur ; ce n’est point une qualité, mais le lustre de toutes les qualités : elle inspire la confiance et commande l’estime ; elle allume le désir et fait pardonner aux faiblesses ; elle exalte l’imagination, et donne une jouissance, même lorsque les sens en perdent volontiers le souvenir. Son charme se répand dans le maintien, dans les regards, dans le sourire. La démarche, les gestes, l’attitude l’annoncent. Il donne la plus heureuse prévention et occasionne une si douce erreur, qu’elle seule commence toutes les vraies passions. Les ris immodérés, l’élévation de la voix, le regard dur ou audacieux, le ton tranchant, les apostrophes inconsidérées, la familiarité avec un sexe différent, l’air de n’ignorer rien avec l’air de ne prendre garde à rien, tout cela, et mille autres petites choses trop minutieuses pour être relevées, et trop importantes pour n’être pas corrigées chez ceux qu’on aime, affligent véritablement la pudeur. Elle s’éloigne à regret, mais elle s’éloigne des personnes chez qui se rencontrent ces taches, et les abandonne aux projets