Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/140

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rons puissent trouver un asile ; j’y ai attaché un chirurgien et deux gardes-malades ; et, quant à la surveillance, je me la suis réservée ; car il est peut-être plus nécessaire qu’on ne croit de s’imposer l’obligation d’être tous les jours utile à ses semblables : cela tient en haleine, et même pour faire le bien nous avons besoin souvent d’une force qui nous pousse.

Tu sais que cette vaste propriété appartient depuis long-temps à la famille de M. d’Albe : c’est là que, dans sa jeunesse, il connut mon père et se lia avec lui ; c’est là qu’enchantés d’une amitié qui les avait rendus si heureux, ils se jurèrent d’y venir finir leurs jours et d’y déposer leurs cendres ; c’est là, enfin, ô mon Élise ! qu’est le tombeau du meilleur des pères ; sous l’ombre des cyprès et des peupliers repose son urne sacrée ; un large ruisseau l’entoure, et forme comme une île où les élus seuls ont le droit d’entrer. Combien je me plais à parler de lui avec M. d’Albe ! combien nos cœurs s’entendent et se répondent sur un pareil