Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/149

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lui en offre. Il interroge librement sur tout ce qu’il veut savoir, et ses questions seraient même souvent indiscrètes, s’il n’était pas clair qu’il ne les fait que parce qu’il ignore qu’on ne doit pas tout dire. Pour moi, j’aime ce caractère neuf qui se montre sans voile et sans détour ; cette franchise crue qui fait manquer de politesse, et jamais de complaisance, parce que le plaisir d’autrui est un besoin pour lui. En voyant un desir si vrai d’obliger tout ce qui l’entoure, une reconnaissance si vive pour mon mari, je souris de ses naïvetés, et je m’attendris sur son bon cœur. Je n’ai point encore vu une physionomie plus expressive ; ses moindres sensations s’y peignent comme dans une glace. Je suis sûre qu’il en est encore à savoir qu’on peut mentir. Pauvre jeune homme ! si on le jetait ainsi dans le monde, à dix-neuf ans, sans guide, sans ami, avec cette disposition à tout croire et ce besoin de tout dire, que deviendrait-il ? Mon mari lui servira sans doute de soutien ; mais sais-tu que M. d’Al-