Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/167

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ici. Je m’y sens plus heureuse que je ne l’ai jamais été ; je n’éprouve plus ces momens de tristesse et de dégoût dont tu t’inquiétais quelquefois. Sans doute c’était le monde qui m’inspirait cet ennui profond, dont la vue de la nature m’a guérie. Mon amie, rien ne peut me convenir davantage que la vie de la campagne, au milieu d’une nombreuse famille. Outre l’air de ressemblance avec les mœurs antiques et patriarcales, que je compte bien pour quelque chose, c’est là seulement qu’on peut retrouver cette bienveillance douce et universelle que tu m’accusais de ne point avoir, et dont les nombreuses réunions d’hommes ont dû nécessairement faire perdre l’usage. Quand on n’a avec ses semblables que des relations utiles, telles que le bien qu’on peut leur faire, et les services qu’ils peuvent nous rendre, une figure étrangère annonce toujours un plaisir, et le cœur s’ouvre pour la recevoir ; mais lorsque, dans la société, on se voit entouré d’une foule d’oisifs qui viennent nous accabler de leur inutilité, qui,