Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/171

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perfectionner la vôtre ; elle n’aime pas la vertu mieux que moi, mais elle sait la rendre plus aimable. » Pendant ce discours Frédéric était tombé dans une profonde rêverie. Mon mari ayant été appelé par un ouvrier, je suis restée seule avec Frédéric ; je me suis approchée de lui : « À quoi pensez-vous donc ? lui ai-je demandé. » Il a tressailli, et prenant mes deux mains en me regardant fixement, il a dit : « Dans les premiers beaux jours de ma jeunesse, aussitôt que l’idée du bonheur eut fait palpiter mon sein, je me créai l’image d’une femme telle qu’il la fallait à mon cœur. Cette chimère enchanteresse m’accompagnait partout ; je n’en trouvais le modèle nulle part, mais je viens de la reconnaître dans celle que votre mari a peinte ; il n’y manque qu’un trait : celle dont je me forgeais l’idée ne pouvait être heureuse qu’avec moi. — Que dites-vous, Frédéric ? me suis-je écriée vivement. — Je vous raconte mon erreur, a-t-il répondu avec tranquillité ; j’avais cru jusqu’à présent qu’il ne pouvait