Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/192

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saute un ruisseau, de ramasser un gant quand il tombe, car c’est un moyen de toucher sa main, et cette main est si blanche et si douce ! Je ne sais si je me trompe, Élise, mais il me semble que ce gant tombe bien souvent.

Ce matin, Adèle examinait un portrait de Zeuxis qui est dans le salon : « Cela est singulier, a-t-elle dit, de quelque côté que je me mette, je vois toujours les yeux de Zeuxis qui me regardent. — Je le crois bien, a vivement répondu Frédéric, ne cherchent-ils pas la plus belle ? » Tu vois, mon amie, comment le plus léger mouvement de préférence forme promptement un jeune homme, et j’espère que désormais tu ne seras plus inquiète de son amitié pour moi. Ce mot amitié est même trop fort pour ce que je lui inspire ; car, dans mes idées, l’amour même ne devrait pas faire négliger l’amitié, et je ne puis me dissimuler que je suis tout-à-fait oubliée. Un seul mot d’Adèle, oui, un seul mot, j’en suis sûre, ferait bientôt enfreindre cette promesse, jurée si