Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/212

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te fuir, adieu : ce moment est le dernier qui nous verra ensemble. Claire, Claire, adieu !… » Il m’a quittée. Effrayée de son dessein, je l’ai rappelé d’un ton douloureux ; il m’a entendue, il est revenu. « Écoutez, lui ai-je dit : le digne homme dont vous avez trahi la confiance ignore vos torts ; s’il les soupçonnait jamais, son repos serait détruit ; Frédéric, vous n’avez qu’un moyen de les réparer, c’est d’anéantir le sentiment qui l’offense. Si vous fuyez, que croira-t-il ? Que vous êtes un perfide ou un ingrat ; vous, son enfant ! son ami ! non, non, il faut se taire, il faut dissimuler enfin ; c’est un supplice affreux, je le sais, mais c’est au coupable à le souffrir ; il doit expier sa faute en en portant seul tout le poids… » Frédéric ne répondait point, il semblait pétrifié ; tout à coup un bruit de chevaux s’est fait entendre, j’ai reconnu la voiture que M. d’Albe envoyait au-devant de moi. « Frédéric, ai-je dit, voilà du monde, si la vertu vit encore dans votre âme, si le repos de votre père vous est