Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parjure à sa foi, il garderait Frédéric auprès de lui ; mais alors plus de paix : la cruelle défiance empoisonnerait chaque geste, chaque regard ; le moindre mot serait interprété, et l’union domestique à jamais troublée. Moi-même serais-je à l’abri de ses soupçons ? Hélas ! tu sais combien il a douté longtemps que je puisse l’aimer. Enfin, après sept années de soins, j’étais parvenue à lui inspirer une confiance entière à cet égard : qui sait si cet événement ne la détruirait pas entièrement ? Tant de rapports entre Frédéric et moi, tant de conformité dans les goûts et les opinions, il ne croira jamais qu’une âme neuve à l’amour comme la mienne, ait pu voir avec indifférence celui que j’inspire à un être si aimable… Il doutera du moins ; je verrais cet homme respectable en proie aux soupçons ! ce visage, image du calme et de la satisfaction, serait sillonné par l’inquiétude et les soucis ! elle s’évanouirait, cette félicité que je me promettais à le voir heureux par moi jusqu’à mon dernier jour ! Non, Élise, non, je sens