Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Louvre ? Il y jouit d’une espèce de franc parler, qu’il doit moins à son courage qu’à son peu d’ambition, mais qui n’en est pas moins précieuse. On lui passe tout, parce qu’il n’influe sur rien. Un ministre craint d’abord le mordant de ses saillies ; mais l’homme de cour dîne chez lui, et le danger s’évanouit. Ce personnage est rare à la cour ; pour le remplir, il faut assez de gaieté pour être indifférent sur la monarchie, assez d’esprit pour raisonner de tout, assez de fortune pour se passer de bassesse. Son regard pénétrant n’aurait pas tardé à démêler cet homme actif qui sait tout, qui va partout, qui s’intéresse à tout, qui prétend à tout, et qui s’attend à tout. Il connaît toutes les puissances, il voit tous les partis, il parle à tout l’univers, et a besoin de toute sa probité pour n’être pas plus dangereux à ses amis qu’à ses ennemis. Quelle étude aurait-elle pu faire de cet homme austère dont le patriotisme est si pur, qu’il couvre les grâces naturelles de son esprit, et met un frein continuel à la gaieté de son caractère ? Il s’est condamné à l’intérêt le plus vif pour tout ce qui a l’apparence de la liberté : de là il confond souvent l’homme triste avec l’homme profond, l’égoïste avec le répu-