Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il en distingue bien toute la sincérité. Son indulgence m’encourage, ses éloges me relèvent, et je ne me crois plus méprisable quand je vois qu’il m’estime encore ; mais à mesure que mon âme se fortifie, mon corps s’affaiblit. Je voudrais vivre pour mon digne époux, c’est là le vœu que j’adresse au ciel tous les jours, c’est là le seul prix dont je pourrais racheter ma faute ; mais il faut renoncer à cet espoir. La mort est dans mon sein, Élise, je la sens qui me mine, et ses progrès lents et continus m’approchent insensiblement de ma tombe. Ô mon excellente amie ! ne pleure pas sur mon trépas, mais sur la cause qui me le donne ; s’il m’eût été permis de sacrifier ma vie pour toi, mes enfans ou mon époux, ma mort aurait fait mon bonheur et ma gloire ; mais périr victime de la perfidie d’un homme, mais mourir de la main de Frédéric !… Ô Frédéric ! ô souvenir mille fois trop cher ! Hélas ! ce nom fut jadis pour moi l’image de la plus noble candeur ; à ce nom se rattachaient toutes les idées du beau et du grand ; lui