Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/336

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le retenir, il écrase tout ce qui s’oppose à sa fuite ; je le perds de vue, je ne l’ai plus revu, et j’ignore ce qu’il est devenu ; mais je ne doute point qu’il n’ait porté ses pas vers l’asile de Claire, je tremble qu’elle ne le voie ; la surprise, l’émotion épuiseraient ses forces. Ô mon ami ! puisse ma lettre arriver à temps pour prévenir un pareil malheur ! L’insensé, dans son féroce délire, il ne songe pas que son apparition subite peut tuer celle qu’il aime. Ah ! s’il se peut, empêchez-les de se voir, repoussez-le de votre maison ; qu’il ne retrouve plus en vous ce père indulgent qui justifiait tous ses torts ; faites tonner l’honneur outragé, accablez-le de votre indignation : que vous font sa fureur, ses imprécations, sa douleur même ? Songez que c’est lui qui est le meurtrier de Claire, que c’est lui qui a porté le trouble dans cette âme céleste, et qui a terni une réputation sans tache ; car enfin les discours de cet homme inconnu ne sont-ils pas l’écho fidèle de l’opinion publique ? Ce monde barbare, odieux et injuste, a