Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/338

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Il était tard, la nuit commençait à s’étendre sur l’univers ; Claire, faible et languissante, s’était fait conduire au bas de son jardin, sous l’ombre des peupliers qui couvrent l’urne de son père, et où sa piété consacra un autel à la divinité. Humblement prosternée sur le dernier degré, le cœur toujours dévoré de l’image de Frédéric, elle implorait la clémence du ciel pour un être si cher, et des forces pour l’oublier. Tout à coup une marche précipitée l’arrache à ses méditations, elle s’étonne qu’on vienne la troubler ; et, tournant la tête, le premier objet qui la frappe, c’est Frédéric ! Frédéric pâle, éperdu, couvert de sueur et de poussière. À cet aspect, elle croit rêver, et reste immobile comme craignant de faire un mouvement qui lui arrache son erreur. Frédéric la voit et s’arrête, il contemple ce visage charmant qu’il avait laissé naguère brillant de fraîcheur et de jeunesse, il le retrouve flétri, abattu ; ce n’est plus que l’ombre de Claire, et le sceau de la mort est déjà empreint dans tous ses traits : il