Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/343

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peut se cacher sa perfidie, et qui ne peut la supporter. Elle s’éloigne de Frédéric avec horreur, et levant ses mains tremblantes vers le ciel : « Éternelle justice ! s’écrie-t-elle, s’il te reste quelque pitié pour la vile créature qui ose t’implorer encore, punis le lâche artisan de mon malheur ; qu’errant, isolé dans le monde, il y soit toujours poursuivi par l’ignominie de Claire et les cris de son bienfaiteur ! Et toi, homme perfide et cruel, contemple ta victime, mais écoute les derniers cris de son cœur ; il te hait, ce cœur, plus encore qu’il ne t’a aimé ; ton approche le fait frémir, et ta vue est son plus grand supplice ; éloigne-toi, va, ne me souille plus de tes indignes regards. » Frédéric, embrasé d’amour et dévoré de remords, veut fléchir son amante : prosterné à ses pieds, il l’implore, la conjure ; elle n’écoute rien ; le crime a anéanti l’amour, et la voix de Frédéric ne va plus à son cœur. Il fait un mouvement pour se rapprocher d’elle ; effrayée, elle s’élance auprès de l’autel divin, et l’entourant de ses