Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/48

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faiblement tracé, et dont les situations principales manquent de vraisemblance. C’était sans doute une de ces ébauches que faisait madame Cottin dans le mystère, avant que ses amis lui eussent révélé à elle-même son génie, et à laquelle elle avait mis plus tard la dernière main. « Au mérite d’une action intéressante, dit M. Suard, de la peinture fidèle et animée des sentimens et des mœurs, ce poëme en réunit un autre, qui suppose beaucoup de goût, c’est celui d’avoir imité avec vérité, mais sans aucune exagération, le style figuré qu’on appelle oriental, et qui caractérise les écrits qui nous restent du peuple juif. » Le tort de l’auteur est d’avoir introduit l’amour dans un sujet qui ne pouvait en comporter, ni par la durée prescrite de l’action, ni par la position et le caractère des personnages.

En examinant les romans de madame Cottin, on aime à suivre la marche progressive de ce beau talent, qui s’annonça d’une manière si brillante dans Claire d’Albe. Ce roman fut publié en 1798 ; et, malgré que les esprits fussent encore tout agités des inquiétudes révolutionnaires, tout le monde applaudit à la simplicité de l’action, tellement dégagée d’événe-