Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/78

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admirateurs la peine de les écrire ; pour celles-là, l’exécution n’est rien, l’invention même est peu de chose, elles se contentent d’indiquer le sujet. Un épisode de l’histoire de leur vie, voilà le fond du roman, et cela leur suffit. Dans ces sortes d’ouvrages, il ne doit point y avoir de héros, ou, s’il y en a un, il faut nécessairement qu’il soit impitoyablement sacrifié au caractère noble et généreux de l’héroïne. Il sera un traître, un monstre, un perfide, dont la brutale indifférence et le froid égoïsme aura conduit au tombeau l’amante la plus passionnée, celle qui l’aima avec tant d’abandon, tant de désintéressement, et surtout tant de… constance.

Il ne faut pas confondre madame Cottin avec ces femmes qui semblent n’avoir agité leur vie d’aventures extraordinaires que pour avoir le plaisir d’en faire ensuite la confidence au public. Cache ta vie, fut le précepte qu’elle suivit constamment. Appelée par ses talens à jouer un rôle brillant sur la scène du monde, elle craignit de s’y montrer ; et, tandis qu’enivrées de l’encens imposteur qu’une fausse admiration leur présentait à genoux, d’autres femmes se laissaient emporter dans le tourbil-