Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/25

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tage par ses vertus : tous la voyaient avec admiration, elle seule n’en savait rien.

Sans doute ceux qui l’avaient aimée en silence durant son mariage, osèrent le lui dire lorsqu’elle fut libre ; mais son âme, fatiguée par une longue tyrannie, avait plus besoin de repos que d’agitation : elle ne voulait, ne désirait que l’amitié. Milady Sheridan était l’idole qu’elle déifiait : elle vola dans ses bras, et ne voulut plus d’autre plaisir : son amie était malheureuse, sa tendresse redoubla. Ah ! sans doute, qui n’a pas vu souffrir ce qu’il aime, ne sait point encore jusqu’où il peut aimer !

Ainsi Malvina, arrivée à vingt-quatre ans sans avoir connu l’amour, ne se croyait pas susceptible d’en éprouver ; mais, pour y avoir été étrangère, on n’y est pas inaccessible. Hélas ! pourquoi l’ignorait-elle !

Non-seulement elle croyait avoir la certitude que ce sentiment ne pouvait rien sur elle, mais elle y joignait la ferme résolution de le repousser. N’avait-elle pas promis de servir de mère à Fanny ? Ne devait-elle pas