Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 5.djvu/10

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mais, de tous les défauts, l’orgueil est celui que je pourrais le moins supporter dans la personne avec laquelle je vivrais, et je vous avoue, avec ma franchise ordinaire que quand j’ai passé ma journée à faire du bien, je trouverais fort mauvais qu’un noble prétendit valoir mieux que moi, seulement parce que ses aïeux auraient été aux croisades.

Je serais fâché, ma nièce, que vous prissiez en mauvaise part ce que je viens de vous dire ; je n’ai d’autre désir que de vous rapprocher de moi ; si j’y mets pour condition le récit sincère de ce qui vous est arrivé, c’est que Mansfield s’est constamment refusé à toute explication ; c’est qu’il est bon que nous nous connaissions tous deux avant de nous réunir, et que, dans les affaires de la vie, il faut voir clair à tout ce qu’on fait. Excusez donc la précaution, même excessive, d’un vieillard qui, quoique très-prévoyant, n’en est pas moins disposé à vous chérir avec toute la chaleur d’un cœur encore jeune.