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le triomphe de la république.

du rendement de la betterave et son rendement effectif. Elle établissait en outre, pour deux ans, une surtaxe de sept francs sur les sucres étrangers. Cette surtaxe fut prorogée en 1886. Dans l’intervalle, des taxes avaient été établies également (1885) sur les céréales étrangères. M. Méline se donnait du mal pour convertir à ses doctrines ses collègues du cabinet Ferry : ceux-ci avaient consenti à proposer une élévation des droits d’entrée sur les bestiaux, mais s’élaient refusés à en faire autant pour les céréales. Ce fut l’initiative parlementaire qui en prit la responsabilité, et tout aussitôt une majorité se déclara à laquelle le cabinet ne tenta pas de résister. Le droit de trois francs fut voté.

L’année suivante, bien que les taxes de 1885 eussent déjà entraîné une diminution des deux tiers sur les importations, les protectionnistes voulurent aller plus loin. Battus d’abord à une faible majorité, ils prirent leur revanche en faisant rejeter Ia convention avec l’Italie, que le gouvernement proposait de substituer au traité de navigation de 1862, lequel était arrivé à terme. En 1887, on vota le relèvement de cinq francs, puis une surtaxe sur les bestiaux. Toutes ces concessions n’étaient point obtenues sans bataille. Nombreuses étaient les répugnances et les hésitations, même parmi les ministres, résignés pourtant, par le fait de leur présence dans le gouvernement, à subir les conséquences du courant protectionniste qui allait s’accentuant. Beaucoup de députés avaient reçu de leurs électeurs une sorte de mandat impératif, et les votes s’en ressentaient ; ils différaient des votes ordinaires, les intérêts du département primant ceux du parti. Le droit de cinq