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de la république.

Anvers, sur le passage du comte de Chambord. Les bonapartistes relevaient audacieusement la tête ; on entendit, un jour, M. Rouher se livrer, en pleine Chambre, à un panégyrique du second Empire, auquel d’ailleurs le duc d’Audiffret-Pasquier répondit avec l’accent d’une éloquence indignée. Les uns et les autres semblaient anxieux, avant tout, « de travailler à déshonorer la Défense nationale[1] ».

Les républicains avancés manquaient aussi de sagesse. On dut leur interdire de célébrer, par des réjouissances, l’anniversaire du 4 septembre, et les faire souvenir que « si le 4 septembre rappelle la chute de l’Empire, il rappelle aussi la chute de la France à Sedan ». Gambetta faisait son tour de France. Angers, le Havre, Saint-Étienne, Grenoble et Annecy l’entendirent successivement. Il n’était pas toujours parfaitement inspiré. Son discours de Grenoble, notamment, produisit un effet tel que M. Thiers déclara que notre libération en serait entravée. « On peut représenter par des chiffres énormes, dit-il, le mal que le discours de Grenoble a fait à l’industrie et aux affaires[2]. » Quelques officiers qui avaient assisté à la manifestation furent punis ; on suspendit en même temps des agents municipaux sortis de leur rôle. Enfin, par mesure de haute police, le prince Napoléon fut invité à quitter la France, où sa présence attisait les haines politiques. Cela ne satisfaisait personne. On faisait un

  1. E. de Pressensé. Variétés morales et politiques. Paris, 1886.
  2. Quelques jours plus tard, il déclarait devant la commission de permanence de l’Assemblée que ce discours « avait fait plus rétrograder la République qu’elle ne pouvait rétrograder par la main de tous ses ennemis ». Il y avait dans ces propos une évidente exagération.