Page:Coubertin - Pages d’histoire contemporaine.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA VISITE


8 janvier 1904.

Vous entendez bien de laquelle il s’agit ; il n’y en a qu’une ; les autres ne comptent point. L’opinion se demande si le président Loubet pendant son séjour à Rome ira au Vatican et dans quelles conditions il pourra y être reçu. À vrai dire, cette démarche présidentielle n’a pas été jusqu’ici l’objet de longues négociations ; dans les conversations privées on y a pu faire, çà et là, quelques discrètes allusions, mais aucune conversation officielle ne s’est engagée. Ni le gouvernement français ni le Saint-Siège n’ont prononcé à cet égard la moindre parole susceptible d’engager l’avenir. L’heure va bientôt sonner, pourtant, où l’on devra « causer ». Pour se marier, dit le proverbe, il faut être deux ; pour échanger une visite — acte plus simple et moins décisif — il faut aussi être deux. Celui qui la rend et celui qui la reçoit doivent se mettre d’accord au préalable. Il y a bien, pour les particuliers, la carte cornée ; mais la diplomatie peut d’autant moins, en l’espèce, recourir à un tel procédé que le pape est toujours chez lui puisqu’il ne sort jamais du Vatican.

Le point de vue français paraît extrêmement simple : la visite de M. Loubet à Pie X ne comporte que des avantages et nul inconvénient ; l’acte est d’élémentaire courtoisie du moment que la République entretient un ambassadeur auprès du Saint-Siège ; il est de bonne politique puisqu’il satisfera les millions de catholiques qui sont en France ; il