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les français en océanie

léon iii. L’effort à faire était au niveau du peu d’ambition coloniale que manifestaient leurs gouvernements. Aussi de simples promenades d’amiraux français suffirent-elles à nous conquérir, entre 1842 et 1858, les îles Horn, Wallis, Marquises, Gambier, de la Société, Tuamotou, la Nouvelle-Calédonie et cet îlot Clipperton encore désert bien qu’habitable mais qui n’est situé qu’à 3 000 kilomètres de Panama et dont, par ce fait, la valeur stratégique va devenir considérable. Point de sang versé ni d’argent dépensé en toutes ces acquisitions ; un seul envoi de troupes à Tahiti et que le cabinet de Paris aurait facilement évité en se refusant à passer au préalable sous les piteuses fourches caudines de l’affaire Pritchard.

Presque tous ces archipels sont riches ; les mines et les pêcheries de la Nouvelle-Calédonie, les forêts aux essences précieuses des Loyalty, les dépôts de guano des îles Huon et Chesterfield, les cultures heureuses des Marquises et de Tahiti, la fertilité des îles Horn et Wallis ouvrent aux exploitants des perspectives abondantes. Il y a des colons et — ne souriez pas, messieurs du boulevard — ce sont des colons français. Il y en a partout ; ils forment de petits groupes unis, actifs et déterminés que ne lasse point la persistante incurie de la métropole. L’indigène, d’ailleurs, aime la France et se réclame d’elle. Cela, c’est le fait des missionnaires qui se sont hâtés, prévoyant sans doute les sinistres exploits de M. Combes, d’accomplir leur tâche. Quelle belle figure, celle de ce P. Bataillon, porteur d’un nom prédestiné qui débarqua aux îles Wallis en 1837 et les conquit si bien qu’aujourd’hui tous les naturels y parlent notre langue et y vivent la vie civilisée des travailleurs de chez nous !

Telles sont ces terres polynésiennes que nous négligeons d’équiper pour la récolte à l’heure où se lèvent autour d’elles des aubes fructueuses. Elles ont donné tout ce