Page:Coubertin - Pages d’histoire contemporaine.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE CARREFOUR NÉERLANDAIS


27 août 1904.

Il y a, de par le monde, deux pays dont les possessions coloniales non seulement surpassent de beaucoup en superficie et en population le domaine métropolitain mais encore exigeraient, pour être défendues dans le péril d’une attaque armée, un effort qui ne saurait être fourni. Ce sont le Portugal et la Hollande. Autrefois, de semblables empires pouvaient sans inconvénient se constituer et subsister en disproportion complète avec l’État qui les avait formés et auquel ils appartenaient. L’Europe possédait sur le reste de l’univers une formidable avance ; en même temps, d’immenses espaces demeuraient ouverts à ses ambitions. Les moyens de domination dont disposaient le roi de Portugal ou les marchands d’Amsterdam suffisaient aux plus vastes besognes et les annexions d’un Vasco de Gama ou d’un Fernand Cortez n’avaient en somme rien de démesuré. Il n’en va plus de même aujourd’hui. On dirait que le globe s’est rétréci. Plus de terres libres. Partout, en revanche, des cuirassés et des canons. Le danger est double désormais de détenir ce qu’on ne peut défendre car les convoitises appellent les convoitises. C’est pourquoi le cas du Portugal et celui de la Hollande sont empreints d’une gravité singulière — et pourquoi l’avenir de l’Afrique portugaise et celui des Indes néerlandaises doivent provoquer à Lisbonne et à La Haye de douloureuses réflexions.

Les deux situations diffèrent pourtant en ceci que l’une