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L’HELLÉNISME


10 avril 1905.

Or donc, on a créé récemment à Paris une association philhellène. J’en sais quelque chose, car les aimables fondateurs m’avaient réservé, selon leur flatteuse expression, le poste de « cheville ouvrière ». Si je n’ai pas cru pouvoir l’accepter, c’est par impossibilité matérielle de le remplir et non par défaut d’enthousiasme. Peut-être, du reste, aurais-je été une cheville mauvaise ouvrière par suite du radicalisme de mes aspirations et de la véhémence de ma propagande. J’ai eu déjà bien des occasions de le dire, l’hellénisme m’apparaît comme le grand principe rénovateur de l’Orient, la flamme claire et chaude autour de laquelle la civilisation balkanique pourrait reprendre, après le long entr’acte turc, sa marche originale vers des destins progressistes.

Savez-vous, lecteurs, ce que signifie ce terme d’hellénisme que nous employons volontiers mais dont notre esprit n’est point curieux de sonder la forte signification ? Vieux mot qui fut à la mode et que l’on répète d’instinct, il résume les souvenirs majestueux du siècle de Périclès et les souvenirs attendrissants de la lutte héroïque de 1821. Voilà pourquoi nous ne le prononçons qu’avec une sorte d’intonation sympathique, même lorsqu’il s’agit de desservir l’idée qui s’incarne en lui. Mais, direz-vous, l’hellénisme, est-ce donc autre chose que le serbisme ou le bulgarisme ? Est-ce mieux ou plus que l’ambition — naturelle d’ailleurs et compréhen-