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LE LANGAGE
LA RACE ET L’UNITÉ


5 septembre 1905.

La Belgique souffre cette année de l’épidémie des congrès. En bons voisins, nous avons naturellement été atteints par le mal, d’autant que notre tempérament nous y prédisposait. Pour ma part, je pensais avoir payé mon tribut en présidant le congrès olympique de Bruxelles et en préparant pour le prochain congrès de Mons le plan d’un collège modèle propre à former les débrouillards dont l’époque a besoin. Je m’étais promis de fermer l’oreille aux carillons d’appel des autres congrès parmi lesquels il en est d’ailleurs bon nombre d’inutiles et quelques-uns de tout à fait oiseux. Mais comment jeter au panier d’un geste tranquille une circulaire qui vous est adressée au nom de cette cause sacrée : l’extension et la culture de votre langue nationale ? Eh oui ! des gens vont se réunir à Liège le 10 septembre prochain qui, accourus de tous les points du globe où l’on parle français, rechercheront ensemble le meilleur moyen de servir les intérêts de la langue française, d’agrandir son domaine, de lui conquérir de nouveaux amis, de lui recruter de plus nombreux disciples.

Le langage est un des plus grands instruments de puissance d’aujourd’hui. S’il a perdu l’importance politique qu’il possédait naguère au sein des sociétés aristocratiques, par contre son importance pédagogique et économique a quintuplé avec l’établissement de la démocratie. D’entendre les diplomates discourir en français dans les conférences