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NOS AMIS ROUMAINS


6 octobre 1905.

Nous parlons trop rarement de la Roumanie et quand nous le faisons c’est de façon indifférente et superficielle. Je ne dis pas cela pour M. André Bellessort qui, précisément, en a rapporté quelques tableaux récents d’une justesse de dessin parfaite et d’une exquise fraîcheur de coloris. Mais s’il apparaît que l’aimable voyageur se préoccupe de l’influence exercée là-bas par la France et songe, chemin faisant, aux moyens de l’empêcher de décroître, la forme même dont il a fait choix pour son récit lui interdit de s’attarder en d’aussi graves considérations. Or, c’est pour nous une question de sérieuse importance que de maintenir des rapports efficaces avec les peuples qui, à l’aube de leur formation ou de leur rénovation nationales, furent nos clients et sur lesquels notre action s’exerça le plus naturellement. Notre empressement à les négliger est vraiment étrange ; il est si prompt, si absolu, que nous risquons parfois de les détacher de nous ! Certes la maladresse est grande pour une nation comme pour un individu de rappeler hors de propos les services rendus. Se montrer discret à cet égard n’est pas seulement une preuve de bon goût, c’est aussi un acte de bonne politique ; encore faut-il y apporter quelque mesure, de façon que la nouvelle génération n’en vienne pas à ignorer totalement les titres que lui créa sa devancière à la reconnaissance de ceux-ci ou de ceux-là.