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COSAS DE ESPAÑA


3 juin 1906.

La portée de ce qui vient de se passer à Madrid ne saurait être diminuée par le geste isolé d’une brute infâme, si sanglants qu’en aient été d’ailleurs les résultats. Aussi bien faut-il voir dans ce geste une manifestation nouvelle de cette imbécillité mentale engendrée çà et là par une civilisation matérielle trop pesante pour la force morale sur laquelle elle s’appuie. Donc les fêtes de Madrid ont une signification européenne, mondiale même qui mérite de retenir l’attention. Et ce n’est pas qu’il doive en résulter quelque alliance susceptible de modifier l’orientation de la politique générale. Il est bien rare d’abord que le « matrimonialisme » influe sur les groupements des puissances ; des preuves quotidiennes du contraire nous sont fournies. Puis, quand même une entente directe se scellerait entre l’Espagne et l’Angleterre, ni le nombre ni la nature des questions dont la solution en dépendrait ne permettent de penser que la marche de l’univers puisse s’en trouver modifiée dans un sens ou dans un autre. La portée — l’immense portée — du mariage royal découle d’une tout autre cause. Quel que soit le rôle que le hasard des circonstances aussi bien que le dessin de sa propre personnalité attribueront à la nouvelle reine dans les conseils de la couronne, elle demeurera toujours, de par la force des choses, la représentante obligatoire d’un principe général vers lequel la monarchie actuelle tendait déjà à