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la résurrection des peuples

même il ne se poursuivrait pas, quand bien même ces germes que je crois percevoir avorteraient… le miracle a déjà eu lieu, car la résurrection est indéniable. Or l’histoire antérieure ne nous avait point enseigné qu’un fait pareil fût possible. Et ne dites pas qu’il est dû à quelque coïncidence fortuite, à quelque effervescence passagère des idées libérales puisqu’à l’heure où la Grèce recouvra son indépendance, l’Europe précisément subissait l’influence de cette Sainte-Alliance dont l’esprit devait si longtemps survivre au texte. Non ! du miracle il n’y a que l’apparence, et c’est bien d’une loi historique qu’il s’agit ; au reste, une critique plus attentive en signale d’autres preuves imminentes. Et cette loi, nous pouvons la formuler ainsi : On ne tue pas une nation qui ne veut pas mourir. Quelle que soit la lourdeur de la pierre sépulcrale, quel que soit le nombre des ans qui coulent, une nation qui aura été murée avec un génie propre, un passé glorieux et une ferme volonté de vivre pourra continuer d’exister dans la tombe et ressuscitera le jour venu.

Si l’on réfléchit que d’Helsingfors à Salonique, l’Europe est traversée par une bande de peuples qui ne « veulent pas mourir », on admettra que rien n’égale l’importance historique des événements de 1821.