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le prestige français

ce fut le tour de la monarchie constitutionnelle. Lorsque les préjugés qui nous empêchent encore de comprendre et d’apprécier la Restauration se seront dissipés à la clarté de recherches vraiment impartiales, nous serons surpris de voir combien ce gouvernement décrié au dedans rayonnait au dehors et de quel éclat brillait de loin son libéralisme si méconnu de près. C’est contre le roi de France, en somme, que fut dirigée la Sainte-Alliance ; la succession à la tête du cabinet des Tuileries d’un Decazes et d’un Richelieu, d’un Villèle et d’un Martignac inquiétait les souverains absolutistes bien plus que les excès des Napolitains révoltés ou le radicalisme des Cortès espagnoles. Naples et Madrid étaient la proie de troubles passagers, tandis que Paris consacrait l’accession régulière et normale du libéralisme au pouvoir. La leçon de choses donnée par la France porta ses fruits ; ce furent ses trente-trois années de royauté parlementaire, si prospères et — à part la secousse de 1830 — si heureuses, qui implantèrent le constitutionnalisme autour d’elle. L’idée du pacte entre le souverain qui gouverne et le peuple qui contrôle fit le tour de l’Europe ; partout, sauf en Russie, l’absolutisme reçut un frein légal.

Indépendamment des insurrections nationales dont son établissement fut la cause occasionnelle, la République de 1848 laissa, malgré sa brièveté, une empreinte durable. Elle inaugura l’ère des préoccupations et des recherches sociales. Les États, un à un, admirent cette nécessité « d’organiser la société » que la France, un peu à la légère, venait de proclamer solennellement. Le second Empire, à son tour, lança l’Europe dans la voie des grandes unifications nationales et des groupements de race, en même temps qu’il lui donnait l’exemple d’une intervention gouvernementale intense dans le développement de la richesse matérielle du pays. Le règne de Napoléon iii qui a, finalement, accumulé tant de ruines sur la France est, parmi les périodes de notre histoire contemporaine, celle dont — sans parler de l’Allemagne et de l’Italie — toutes les