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LA LOUISIANE FRANÇAISE


15 février 1903.

Le chevalier de Kerlerec, qui fut en son vivant gouverneur de la Louisiane, trouve aujourd’hui une compensation tardive à ses malheurs immérités. Ce gentilhomme a la chance de voir surgir parmi ses descendants un esprit chercheur et curieux dont le talent va tirer sa mémoire de l’oubli et la venger en même temps des injustes attaques de ses contemporains. Toutefois, dans l’ouvrage très documenté auquel il met la dernière main et dont nos archives diplomatiques, coloniales, maritimes ont fourni les multiples éléments, le baron Marc de Villiers du Terrage ne s’est point borné à dresser la silhouette ou à conter les aventures d’un ancêtre calomnié : il a prétendu restaurer du même coup la physionomie d’une de nos colonies les plus belles et les moins connues. Cette tentative méritoire va bénéficier d’une triple actualité. Il y a cent ans, en effet, que la Louisiane et les vastes territoires qui en dépendaient plus ou moins directement ont été cédés aux États-Unis ; l’exposition de Saint-Louis est destinée à commémorer cet événement et, puisque la cession a eu lieu, félicitons-nous du moins que les Américains nous en sachent gré et qu’un francophilisme ardent et sincère paraisse devoir transformer leur prochaine World’s Fair en une manifestation de cordiale sympathie envers notre pays. L’acquisition de ces régions ensoleillées et fertiles équivalut à une seconde fondation de la grande république