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l’équipe du Manhattan Athletic-Club de New-York. C’est M. L.-H. Sandford, un des plus dévoués et des plus persévérants parmi nos collègues du Comité de l’Union qui avait, se trouvant en Amérique quelques mois plus tôt, jeté les bases de ce voyage. Les athlètes transatlantiques qui se rendaient en Angleterre acceptèrent volontiers de venir à Paris. Mais comment les recevoir ? Le Racing-Club m’avait prié d’assister à la réunion de son comité tenue le 13 mai et de faire partie avec MM. de Pallissaux et Champ de la commission chargée d’organiser la réunion. Une belle tâche, en vérité ! Il fallait construire des tribunes, enclore, prévoir mille frais. Je ne possède pas les comptes de cette réunion mais je me souviens d’être intervenu auprès d’un certain nombre de mes amis pour les prier de constituer un fonds de garantie ; ne devait-on pas prévoir le mauvais temps ? Les parts étaient de 50 francs. J’en pris moi-même et en plaçai le plus que je pus. Belloir était trop cher ; je cherchai un sous-Belloir et le trouvai hors Paris ; il fit à bon marché une clôture et des estrades convenables. Le plus difficile, chose étrange, fut d’avoir le ministre des États-Unis pour présider la réunion. J’avais diné chez lui peu de temps avant et il m’avait fallu beaucoup d’arguments et d’insistance pour le convaincre. Un président, des tribunes et de l’argent, telle fut ma part dans la préparation de cette fête audacieuse. Palissaux se chargea de toute la partie technique. Finalement tout alla à souhait. Le soleil vint et avec lui la foule et avec la foule, les entrées payantes. M. Whitelaw Reid vint aussi encadré entre la fille et la belle-fille du président des États-Unis. Les membres de l’équipe avaient été un peu ahuris en se trouvant, le jour de leur arrivée, en présence du très modeste petit cabanon à deux fenêtres qui constituait alors le « chalet » du Racing. Je vois encore la grimace comique que m’adressa Palissaux qui les amenait avec moi depuis la gare. Évidemment le contraste était un peu saisissant avec les splendeurs du Manhattan ! Mais quand les drapeaux flottèrent au vent et qu’une élégante assistance eut empli le cadre ensoleillé, ils se dirent enchantés et nous nous séparâmes, après quatre jours, les meilleurs amis du monde.

Le lendemain de ce jour mémorable, le dimanche 5 juillet, se tint à l’École des Sciences politiques la deuxième assemblée générale de l’Union. Elle nous donna un président qui fut le vicomte Léon de Janzé. Depuis l’automne, M. de Saint-Clair, obligé par le souci que lui causait la santé de Madame de Saint-Clair de résider dans le midi n’avait pas reparu parm