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Page:Coubertin Discours Prague 1925.djvu/15

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Est-il besoin de rappeler qu’ils ne sont la propriété d’aucun pays ni d’aucune race en particulier et qu’ils ne peuvent être monopolisés par des groupements quelconques. Ils sont mondiaux ; tous les peuples y doivent être admis sans discussion de même que tous les sports y doivent être traités sur un pied d’égalité sans souci des fluctuations ou des caprices de l’opinion. Le joli nom d’athlète, d’ailleurs, s’applique aussi bien au gymnaste de barre fixe, au boxeur, au voltigeur à cheval, au rameur, à l’escrimeur qu’au coureur à pied ou au lanceur de javelot. Il n’y a point d’échelle de valeur à établir entre ces exercices sous prétexte que le public favorise momentanément l’un plutôt que l’autre. Par contre, il serait vain de vouloir multiplier les épreuves collectives. Les Jeux ont été créés pour la glorification du champion individuel dont l’exploit est nécessaire à entretenir l’ardeur et l’ambition générales. Les circonstances se prêtent mal à y adjoindre trop de rencontres d’équipes car on a généralement reconnu la nécessité de restreindre la durée des Jeux, et par là les dépenses qu’ils occasionnent. Je ne crois pas cependant que les deux questions soient tout à fait connexes. De grandes économies seront réalisées dans la célébration d’une Olympiade si cette célébration est préparée assez à l’avance et avec beaucoup de méthode, de discipline et de désintéressement, mais dans ce domaine comme ailleurs ont régné les habitudes de gaspillage engendrées par une politique erronée basée sur l’idée qu’un luxe sans frein engendrerait nécessairement l’aisance et la prospérité communes. La qualité du luxe est à considérer : sa vulgarité le rend stérile et il ne tend alors qu’à écraser les forces moyennes et à rendre plus irritants les contrastes sociaux.

Des rouages organisateurs simplifiés, des logements plus uniformes et plus tranquilles à la fois, moins de festivités, surtout des contacts plus intimes et plus quotidiens entre athlètes et dirigeants sans politiciens, ni arrivistes pour les diviser, voilà le spectacle que nous donneront, je l’espère, les Jeux de la ixe Olympiade.

Ce m’est un devoir en terminant d’exprimer ma gratitude pour l’insistance avec laquelle dans tous les pays on a cherché à me retenir à la tête du Comité International. De telles sympathies m’honorent. Je prie qu’on veuille bien les reporter sur