Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/138

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n’eut d’égal que le mécontentement des sujets de la seigneurie ; car ils furent très mortifiés d’avoir été donnés aussi légèrement, et de passer ainsi de la domination immédiate du souverain à celle d’un vassal étranger, tout grand seigneur et tout brillant gentilhomme qu’il pût être. L’hiver suivant, une circonstance extraordinaire amena Philippe le Hardi en Comté : il s’agissait de mariage entre sa fille et le fils de Léopold, duc d’Autriche. Déjà les articles du contrat avaient été réglés à Remiremont, entre les délégués des deux princes (7 juillet 1378) ; parmi ceux de Bourgogne figuraient Jean de Ray et Olivier de Jussey. En attendant les noces, dont le projet fut rompu plus tard, les deux cours se réunirent à Montbéliard, où elles passèrent un mois dans les fêtes (12 janvier-12 février 1378, v.s). A son retour, Philippe le Hardi voulut visiter le bailliage d’Amont, et prit le chemin de Luxeuil avec l’intention de passer par Jonvelle. Toute la noblesse de la seigneurie se réunit au chef-lieu, pour y faire une réception solennelle à l’auguste voyageur. Mais on avait compté sans la Trémouille, qui ne se souciait nullement de laisser connaître à son maître combien il avait été trompé et lésé en lui donnant Jonvelle. Il le dissuada de ce projet, comme devant trop le détourner de sa route, et lui fit prendre le chemin de Vesoul. Ce ne fut que vingt-six ans plus tard, après la mort du sire de la Trémouille et de Philippe le Hardi, que l’on put savoir à Dijon la vérité sur l’importance de Jonvelle et sur les cupides manœuvres du chambellan[1]. Un tel avènement

  1. D.Plancher.Voir ici aux Preuves,1404