Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/170

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mais en refusant de payer là ce qu’ils acquittaient sans mot dire partout ailleurs, Hugart et Prevost avaient spéculé sur les impuissantes réclamations de pauvres religieux ruinés par la guerre.

Ce procès fait remonter bien loin dans le moyen âge une industrie qui est encore aujourd’hui la richesse des pays riverains de la Saône supérieure et du Coney, son affluent, c’est-à-dire le commerce des meules et des bois. Jusqu’à ces dernières années, ces marchandises descendaient la rivière en grands bateaux, appelés size-landes, que les patrons vendaient avec leur chargement, dans les ports de Chalon, de Mâcon et de Lyon. Aujourd’hui les voies ferrées ont à peu près supprimé cette navigation : toutes les marchandises de Selles et des environs arrivent à la gare de Jussey, et sont emportées de là par la vapeur. C’est ainsi qu’est tombé, à peine commencé[1], le projet de relier la Saône à la Moselle par le Coney. Nous avons dit[2] qu’autrefois, sous le règne de Néron, L. Antistins Vetus voulut profiter de quelques moments de trêve que lui laissaient les Germains, pour occuper ses légions à cette entreprise vraiment romaine. Il avait commencé dans les Vosges le canal destiné à réunir les deux rivières, et à mettre ainsi la Méditerranée en communication avec l’Océan septentrional, lorsqu’il fut arrêté dans son travail parle préfet de la Gaule-Belgique. Il était réservé au dix-neuvième siècle d’opérer cette jonction des deux mers par le canal de

  1. Les travaux de canalisation de la Saône ont été poussés jusqu’à Scey.
  2. Page 26.