Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/216

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à la campagne, entendit l’un d’eux dire à l’autre : « Tu prétendois qu’on ne fesoit garde ici ; mais il ne faut s’y fier que bien à poinct. » Ils avaient caché leurs uniformes et leurs arquebuses dans un buisson, où ils les reprirent, en y jetant leurs drilles. C’est le comte de Champagney-Granvelle, baron de Renaix, qui donnait cet avis au ministre Laloo, à Madrid. « L’espion disoit vrai, ajoute-t-il ; car si la place est en mauvais état, je ne pense pas qu’il y ait capitaine meilleur et plus aguerry que le sien. C’est mon neveu, Monsieur de Villeneuve, qui a déjà rembarré l’ennemi plusieurs fois dans ces parages, et qui en est tellement redoubté, que les Lorrains se plaignent de ne pouvoir rien faire de bon sur le Comté[1], » Ce gouverneur de Jonvelle était Antoine d’Oiselay, baron de la Villeneuve, qui avait succédé dans cette charge à Henri, son père.

Mais les renseignements donnés au cabinet de Madrid par le sieur de Champagney, sur les pensées de l’ennemi, étaient malheureusement trompeurs, et le comte, en y croyant lui-même, endormait le pays dans la plus fatale sécurité. D’ailleurs, nous allons voir bientôt que le népotisme lui faisait un peu trop compter sur la vigueur et la vigilance du capitaine de Jonvelle. Pendant que d’Aussonville stationnait à Fontenoy avec sa colonne, Tremblecourt, de son côté, à la tête d’un corps de six mille hommes, occupait Neufchâteau, à une étape de Jonvelle ; et les deux chefs se tenaient prêts à opérer leur jonction pour fondre sur le [Comté de Bourgogne |Comté]]}}. Les mémoires du

  1. Mémoires ou correspondance de Frédérit Perrenot de Granvelle, comte de Champagney, tome III, fol. 123 ; Dole, 6 octobre 1594