Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/287

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jeter les hauts cris auprès des souverains, mais il n’était plus temps : le pays était ruiné ; et ce qu’il y eut de plus navrant, les alliés, auteurs principaux de cette désolation, finirent par avoir pour complices les gendarmeries mêmes de la province.

Quoi qu’il en soit, les brigandages des auxiliaires attirèrent bientôt, comme on devait s’y attendre, les plus rudes représailles de la part des Comtois irrités et poussés au désespoir. Gallass se plaignit à la cour, au nom de ses officiers, que les gens de leur suite étaient partout attaqués, maltraités, assommés par les paysans. Un Croate avait été enterré tout vif, dans les environs de Lavigney[1]. Pour empêcher ces cruautés des paysans sur les étrangers, dont ils autorisaient et provoquaient ainsi les sévices envers eux-mêmes, le parlement proposa de les ranger sous un chef, dans chaque village, avec défense de porter les armes et de sortir sans son ordre[2]. Mais ce projet n’eut pas de suite.

Cependant l’armée impériale, continuant sa marche, alla camper autour de Lavigney, où Gallass avait couché l’avant-veille, avec l’avant-garde et l’état-major. De Lavigney, faisant une pointe sur la France, il était tombé comme la foudre sur le bourg de Fayl-Billot, qui éprouva toutes les horreurs d’une ville prise d’assaut (14 septembre) [3]. Les autres villages de cette lisière française n’

  1. Lettre de Gallas à la cour ; Lavigney, 13 septembre, aux Preuves.
  2. La cour aux conseillers Matherot et Brun, à Gray, 19 septembre.
  3. « Leur séjour fut de six semaines entières, durant lequel temps ne resta qui que ce fust audict lieu qui ne fust tué ou emmené. Les grains et le bestial furent consumez ou enlevez ; et de tous les habitants qui estaient sauvez dans les bois, les rochers ou villes voisines, fort peu restèrent en vye. La peste, la dizette et les maladies en firent mourir la pluspart. Ceux qui retournèrent audict Fay n’y trouvèrent que des restes de bastiments incendiés, des cadavres et charongnes, lesquels infectaient l’air ; de bestial et de grains, en aulcune façon. » (Histoire de Fayl-Billot, page 59.)