Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/338

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de relever ces murailles abattues. Mais le prévôt de Langres s’y opposa et fit mettre le feu aux bâtiments. L’incendie n’épargna que la chapelle et la salle d’armes. Une grosse maison du village, qui pouvait se défendre, fut aussi livrée aux flammes.

De Chauvirey, les généraux portèrent leur quartier général à Morey. Incapable de monter à cheval à cause de son obésité, le comte de Grancey suivait l’armée dans son carrosse, qui le traînait péniblement par les mauvais chemins du pays. Le sieur de Trestondans, beau-père du capitaine de Mandre le Jeune, avait mieux aimé livrer son château de Suaucourt aux colères des ennemis, que de traiter avec eux. A leur approche, la garnison abandonna le poste, laissant dans la grande salle une table copieusement servie de pain, de viande et de vin. Mais avant d’y toucher, les Français, bien avisés, se souvinrent du conseil de Laocoon et redoutèrent prudemment les Comtois jusque dans leurs gentillesses. On commença par essayer les vivres sur des chiens, qui en périrent bientôt, car toute la table était empoisonnée. La forteresse fut rasée de fond en comble (27 septembre).

Les places de la seconde ligne de défense n’arrêtèrent pas davantage le vainqueur. Villersvaudey et Betoncourt lui firent leur humble soumission. Il trouva les châteaux d’Artaufontaine et de Ray abandonnés comme Suaucourt, d’après les ordres de leurs maîtres ; car ceux-ci repoussaient la neutralité, et les places étaient si mal pourvues, que la résistance n’eût été qu’une témérité sans profit. Artaufontaine perdit sa grosse tour avec le pavillon de sa porte ; le reste fut conservé pour y loger les