Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/346

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de voir que le rapport du magistrat dément lui-même ces vains propos de soldats mal informés, quand il mentionne les avis multipliés qu’il avait reçus des projets menaçants de l’ennemi sur tout le bailliage d’Amont. D’ailleurs, Girardot est affirmatif sur ce point, dans ses lettres comme dans son histoire[1]. Cependant il est probable qu’une meilleure conduite du commandant de Jonvelle, appuyé sur une garnison plus forte et secondé par la diversion de quelques troupes au dehors, eût arrêté l’ennemi plus longtemps et l’eût découragé de prime abord. Du reste, le mayeur et le conseil de Vesoul étaient plus recevables dans leur défense, quand ils ajoutaient : « Nous avons arrêté les progrès de l’ennemi et conservé libre une ville assez considérable, avec les châteaux de Vaivre et de Charriez et deux ou trois lieues de riches campagnes, dont les denrées et le commerce seront bien utiles au pays, maintenant que tout le reste du ressort est couru, pillé, barré par les garnisons françaises. A quoi nous eût servi la résistance ? A perdre la vie et l’honneur de nos femmes et de nos filles, à stimuler chez l’ennemi l’amour du pillage, à le pousser à d’autres entreprises, par le sac de notre ville, et finalement à livrer cette place à une entière destruction, pour qu’elle demeurât à jamais inutile, comme Poligny, Lons-le-Saunier et Jonvelle. Au demeurant, nous ne sommes pas plus répréhensibles que tous ces châteaux et ces villes de nos alentours, qui ont mieux aimé subir ouvertement les accords de neutralité que de périr misérablement, et dont les résolutions cependant n’ont point été incriminées[2]. »

  1. Guerre de dix ans, p. 266.
  2. Preuves, 23 octobre.